DANS LE LAIT : une soupe d’hormones suspecte

Le lait de vache renferme de nombreuses hormones et facteurs de croissance. Une consommation importante pourrait favoriser les cancers de la prostate et des ovaires.

Des hormones femelles en brique

Les estrogènes peuvent alimenter la croissance de nombreuses tumeurs, y compris dans la prostate, et ils peuvent le faire à des concentrations infimes.
Les chercheurs ont trouvé que les teneurs et le type d’estrogènes varient largement selon les laits étudiés. Les laits vendus dans nos supermarchés proviennent de vaches qui sont traites environ 10 mois par an, y compris pendant la gestation, ce qui explique des taux hormonaux élevés. Par contraste, le lait des vaches de tribus nomades, qui ne sont traites que 6 mois par an et seulement au début de la gestation, renferment moins d’estrogènes. 

Le lait entier, meilleur que l’écrémé
Globalement, le lait entier contient le moins d’estrogènes, le lait écrémé le plus.
Selon les analyses, c’est le lait écrémé qui contient le moins d’estrogènes libres. Mais la forme conjuguée qu’on y trouve, la 2-hydroxyestrone, est « connue pour être le produit de dégradation des estrogènes le plus réactif et le plus toxique », note Xia Xu, un toxicologue à l’Institut National du Cancer des Etats-Unis.

Des hormones mâles en prime
Le lait renferme aussi des hormones mâles (androgènes), rapporte le Pr William Danby (Ecole de médecine de Dartmouth). Des analyses conduites par son laboratoire ont notamment révélé la présence dans le lait de 5-alpha-pregnanedione, le précurseur d’une hormone appelée dihydrotestostérone, impliquée dans le cancer de la prostate et l’hypertrophie bénigne de la prostate. « Alors que les estrogènes peuvent favoriser la croissance des tumeurs dans les tissus des organes reproductifs, dit le Pr Danby, certains androgènes comme la 5-alpha-pregnanedione ont le pouvoir d’augmenter le nombre de récepteurs aux estrogènes. Plus de récepteurs, ajoute-t-il, cela permet à plus d’estrogènes – y compris ceux présents dans le lait – d’activer la machinerie cellulaire qui peut aider une tumeur à se développer. Dans d’autres conditions, le corps sait diminuer sa production d’hormones lorsque celles-ci sont en excès. Mais, ajoute Danby, dans le cas de la 5-alpha-pregnanedione, ce système de régulation ne fonctionne pas parce que l’être humain n’a pas eu suffisamment de temps pour s’adapter aux sources alimentaires de cette hormone. »

Et des hormones de croissance
Une autre substance du lait intéresse les cancérologues, c’est un facteur de croissance appelé IGF-1 (insulin-like growth factor-1). De nombreuses études ont trouvé une association entre l’IGF-1 et le risque de cancer. Or, le lait est une source importante d’IGF-1 et les gens qui boivent du lait voient leurs taux d’IGF-1 s’élever de manière significative.
Normalement, la production d’IGF-1 est mise en route lorsque l’hormone de croissance produite par l’hypophyse atteint les tissus. L’IGF-1 est le bras armé qu’utilise l’hormone de croissance pour déclencher la croissance des cellules. (…) l’IGF-1 peut provoquer la croissance des cellules sans aucune intervention. Pour le Pr Kleinberg, les estrogènes favorisent le développement des tissus mammaires, mais seulement en présence d’IGF-1. Son équipe a montré que les estrogènes peuvent, quant à eux, amplifier les effets proliférateurs de l’IGF-1, aussi bien dans le sein que dans la prostate.

Pas tous égaux devant les IGF-1
« La production naturelle d’IGF-1 varie beaucoup d’une personne à l’autre », dit Michael Pollack (université MCGill à Montréal), et même si vous êtes certain qu’en buvant du lait, vous augmentez votre IGF-1, le lait n’explique qu’une partie des variations du niveau d’IGF-1 entre les individus. Les personnes dont l’IGF-1 est naturellement parmi les plus élevés et qui ne boivent pas de lait ont des taux supérieurs aux personnes dont l’IGF-1 est naturellement bas et qui boivent du lait. Il existe encore de nombreuses zones d’ombre sur les composants du lait et leurs effets sur la santé et Michael Pollack conseille d’employer le principe de précaution (…)

L’article paru dans Belle-Santé n° 129 (épuisé).

source: rebelle-sante