La spiruline : complément alimentaire idéal du végétarien ?

SNV80939_web

De son vrai nom Arthrospira platenis, la spiruline est une microalgue d’eau douce de la catégorie des cyanobactéries. Elle est cultivée depuis des siècles dans les pays chauds : autrefois au Mexique par les Aztèques, aujourd’hui par les Kanembu, une ethnie vivant sur les bords du lac Tchad. Sa culture exige une eau chaude, saumâtre, alcaline, courante et peu profonde. Du soleil, ainsi que des engrais azotés et minéraux sont également nécessaires pour son développement.
Depuis quelques années, l’occident a redécouvert la spiruline qui est devenue un véritable phénomène de mode. La réputation de la spiruline comme complément alimentaire idéal du végétarien est-elle justifiée ? De quelles maladies un usage préventif de la spiruline est-il censé nous préserver ?

Composition

Ce qui étonne au premier abord, c’est le taux phénoménal de protéines contenues dans la spiruline, entre 56 et 70% du poids sec suivant les variétés. C’est tout simplement le record absolu du règne végétal, et même inégalé dans le monde animal. Qui plus est, on y trouve les 8 acides aminés de base répartis de façon harmonieuse, avec des apports importants en lysine, tryptophane et méthionine ; ceux-ci étant insuffisants respectivement dans les céréales et les légumineuses.

On prétend souvent que les végétariens manquent de protéines. Voilà en tout cas un complément alimentaire intéressant pour les adolescents en pleine croissance, les sportifs, les convalescents et les personnes âgées souvent victimes de fonte musculaire.

On trouve également dans la spiruline le très rare acide gammalinolénique (GLA), un acide gras insaturé que l’on ne rencontre que dans les huiles de chanvre, d’onagre, de bourrache et de pépins de cassis.

Le GLA est particulièrement utile dans un certain nombre de situations de la vie moderne : diabète, stress avec carence en magnésium et vitamines du groupe B, encrassement intestinal, consommation d’acides gras trans de l’alimentation industrielle, taux de cholestérol élevé, addiction à l’alcool, sensibilité aux infections virales, terrain cancéreux, irradiation… En effet, dans toutes ces situations, l’enzyme (delta 6 désaturase) qui transforme l’acide oléique est inhibée, rendant impossible la synthèse des prostaglandines de série 1, avec risques cardio-vasculaire, allergique et inflammatoire, de troubles mentaux, nerveux et comportementaux.

La spiruline est aussi très riche en en caroténoïdes, surtout du béta-carotène , ainsi qu’en vitamines du groupe B, particulièrement en :

Vit. B1 ou thiamine (2,4 mg/100g), dont la carence entraine le béribéri .
Vit. B2 ou riboflavine (3,7 mg/100g), dont l’insuffisance procure des troubles cutanés et oculaires.
Vit. B3 ou niacine (12,8 mg/100g), dont la carence entraine la pellagre.
Dans une moindre mesure, on y trouve aussi des folates (vit. B9) et de l’acide pantothénique (vit. B5).

Par contre, il existe une polémique au sujet de la présence ou non de vitamine B12 dans la spiruline. Certains auteurs affirment que la spiruline et l’une des rares sources végétales de vit. B12, donc particulièrement intéressante pour un végétalien qui veut éviter les vitamines de synthèse. D’autres auteurs assurent qu’il s’agit d’une forme approchante et non assimilable de B12 pouvant même fausser les analyses. C’est notamment la position de l’Association Végétarienne de France. Il est difficile de se faire une idée précise en l’état actuel des choses.

Enfin, la spiruline a une forte teneur en minéraux et oligo-éléments, notamment en :

Cuivre (6,1mg/100g), utile en cas de sensibilité aux infections, dépigmentation de la peau et insuffisance veineuse.

Attention cependant, il existe un antagonisme entre cuivre et zinc, la spiruline étant moins bien pourvue en ce dernier. Or, les végétariens sont parfois carencés en zinc. Il ne faudrait donc pas qu’ils consomment de la spiruline en trop grande quantité et sur une longue période, ou alors qu’ils veillent à des apports importants en zinc. Ils trouveront une bonne source de zinc dans toutes les graines oléagineuses (sésame, tournesol, amande, noix, noisette, pignon, noix de cajou et noix du Brésil), ainsi que dans les lentilles.

Fer (28,5 mg/100g) C’est l’une des meilleures sources de fer après certaines algues d’eau de mer comme la dulse (50mg/100g) et le spaghetti ou haricot de mer (59mg/100g). Les signes habituels de carence en fer sont l’anémie avec fatigue physique, troubles de la mémoire et chute des cheveux. La spiruline représente un apport de fer particulièrement intéressant pour les donneurs de sang, les femmes enceintes, celles ayant des règles abondantes, ainsi que les sportives. Une source de vitamine C (absente dans la spiruline) est nécessaire pour son assimilation. À noter que la spiruline a exactement la même structure spiralée que la ferritine, la protéine qui permet le stockage du fer.

La spiruline contient aussi en plus faible quantité : manganèse, magnésium, sodium et potassium. Même si les concentrations de ces minéraux sont importantes, la quantité absorbée quotidiennement pour 1 ou 2g de spiruline reste modeste.

On y trouve également 14% de phytocyanine, un pigment bleu-vert antioxydant aux propriétés anti-inflammatoires et stimulantes du système immunitaire.

La spiruline contient encore une forte concentration de chlorophylle aux propriétés cicatrisantes. La chlorophylle assure une barrière contre les mycotoxines qui agressent le foie.

Principales indications de la spiruline

Sensibilité aux infections virales
La spiruline renforce les défenses immunitaires chez l’homme, le chat et le poulet, permettant à l’organisme de mieux se défendre contre les infections virales. Sont particulièrement concernés les virus de l’herpès, cytomégalovirus et influenzavirus. Une protection relative contre le virus du sida a même été observée chez les populations du Tchad qui consomment régulièrement de la spiruline.

Troubles chroniques du foie
La spiruline possède des propriétés hépatoprotectrices très utiles dans les troubles chroniques du foie chez l’homme et les animaux. Elle permet de stabiliser la maladie, l’empêchant d’évoluer en cirrhose.

Terrain cancéreux
Une étude clinique sur des chiqueurs de tabac ayant des lésions précancéreuses dans la bouche montre que la spiruline est capable d’inhiber la carcinogénèse à faible dose (1g/j) dans 45% des cas. Ces propriétés antitumorales ont également été mises en évidence chez la souris.

Rhinite allergique
Une récente étude californienne a mis en évidence les effets protecteurs de la spiruline contre la rhinite allergique.

Sclérose en plaques
Une étude européene de 1996 a « établi que la consommation de spiruline engendre la prolongation de la rémission chez des patients atteints de sclérose en plaque ».

Candidose intestinale
La spiruline permettrait de régénérer la flore intestinale, aidant à lutter contre le Candida albicans qui gâche la vie de milions de personnes.

Signalons aussi que la spiruline a montré des résultats très positifs chez la souris diabétique et améliore les fonctions cérébrales chez les animaux âgés.

On attribue également à la spiruline des effets salutaires sur l’humeur, le sommeil, la perte de poids, la tension, voire le taux de cholestérol. Autant dire que sa consommation peut être bénéfique pour presque tout le monde, à commencer par les végétariens.

Dosage et contre-indications

Il est recommandé d’absorber la spiruline en augmentant progressivement la dose de ½ à 4 g par jour, une cuillère à café équivalent à 2g.

Il n’y a pas d’effets secondaires et aucun inconvénient à consommer de la spiruline en quantité raisonnable sur une longue période. Les seules contre-indications sont l’intolérance à la phénylalanine (phénylcétonurie) et l’hyperabsorbtion du fer par l’intestin (hémochromatose).

Attention, la qualité de la spiruline disponible sur le marché est très variable. Il faut absolument éviter la spiruline produite industriellement par des méthodes qui dénaturent le produit. Les algues ayant la faculté d’accumuler les métaux lourds, l’eau de culture doit être irréprochable. Et le conditionnement doit se faire en sac étanche à l’abri de la lumière pour préserver les vitamines. Plutôt que la spiruline en gélules des laboratoires, préférer celle en brindilles ou en comprimés produite artisanalement par des petits producteurs. On en trouve d’excellents dans le sud de la France.

Nota : La composition de la spiruline peut varier sensiblement d’une analyse à l’autre, notamment en ce qui concerne ses teneurs en cuivre et en calcium. La majorité des analyses donnent une teneur en cuivre très inférieure à celle de Nutritiondata qui nous a servi de modèle.

Sources:
Daniel Kieffer, Encyclopédie de revitalisation naturelle, éd. Sully, 2000.
Raphaël Titina, Guide de nutrition végétarienne, éd. Dangles, 2011.
spirulinebio
spirulinefrance
guidespiruline
nutritiondata
speeduline

Vegetari1

2 commentaires à “La spiruline : complément alimentaire idéal du végétarien ?”

  1. Merci pour cet article qui présente la spiruline.
    Je suis producteur en Provence à coté d’Avignon, vous trouverez plus d’infos sur la spiruline, son mode de production, et une boutique en ligne sur mon site web : http://[email protected]

Comments are closed.