Les supermarchés bientôt obligés de donner leurs invendus ?

Un groupe de députés a déposé une proposition de loi pour lutter contre le gaspillage alimentaire et obliger les grandes surfaces à faire des dons aux associations.

Une femme se tient devant les compartiments froids d'un supermarché, en France, le 9 mai 2014. (JOEL SAGET/AFP)

Obliger les grandes surfaces à faire don de « leurs invendus alimentaires encore consommables » aux associations ? C’est ce que souhaitent imposer 63 députés, de tous bords politiques, qui ont déposé une proposition de loi en ce sens fin juillet, rapporte « Le Figaro » le mardi 5 août.

Initié par le député UMP du Nord Jean-Pierre Decool, le texte veut avant tout mettre fin au gaspillage alimentaire et pousser, par une mesure plus coercitive, les supermarchés de plus de 1.000 m² à pratiquer le don alimentaire.

200 tonnes de déchets par grande surface

Pour faire valoir leur proposition de loi, les députés rappellent les chiffres publiés par l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) : un tiers des aliments produits pour la consommation humaine est ainsi perdu ou gaspillé. En France, chaque grande surface produit 200 tonnes de déchets par an. Les Français jettent en moyenne 20 à 30 kg de déchets alimentaires chaque année. Un geste qui représente une perte de 400 euros par foyer chaque année.

Pour le groupe de députés, les grandes surfaces de 1.000 m² sont une cible de choix. « Grâce à leur logistique et leur stock importants, les grandes surfaces de distribution peuvent pratiquer plus facilement le don alimentaire que de simples particuliers », précise la proposition de loi.

« On pourrait presque généraliser, mais il faut tout de même un seuil. Il faut que le magasin ait la possibilité, dans le cadre de sa gestion, de mettre en place ce dispositif. Cela aura tout de même un coût », précise Jean-Pierre Decool dans une interview au « Journal du dimanche ».

« Permettre de récolter encore plus »

Les associations ont favorablement accueilli la proposition de loi. « Nous suivons ce projet avec beaucoup d’attention », déclare Julien Lauprêtre, président du Secours populaire à RTL. Ce dernier précise tout de même que la moitié des repas distribués par le Secours populaire provient déjà des collectes et des dons des grandes surfaces.

« Le don fonctionne déjà très bien en France grâce aux déductions fiscales qui l’accompagnent », explique au « Figaro » Gaétan Lassalle, de la Fédération des banques alimentaires. « Mais ce texte est une bonne chose, car il va permettre de récolter encore plus de produits invendus ».

Reste à savoir si la loi aura un réel effet. « Sur les 100.000 tonnes collectées en 2012, 32.000 venaient des grandes et moyennes surfaces », pointe la Fédération des banques alimentaires. Plus de 1.400 magasins avaient donné en 2012 auprès des Banques alimentaires, sans compter les accords locaux avec les associations. « Il serait donc nécessaire d’établir un état des lieux pour mesurer l’effet d’une telle loi », estime Gaétan Lassalle.

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Nouvelobs