Histoire chimique d’une tarte aux cerises d’un supermarché

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La mal bouffe devient un sujet prédominant. Les actualités ne cessent d’étaler des séries noires : des steaks assassins, des perturbateurs endocriniens, une dent perdue dans de la viande hachée…

Les agroalimentaires ne sont pas en manque d’inspiration pour jouer aux apprentis chimistes et produire des aliments aux allures parfaites pour les étals des supermarchés.

Voici l’histoire d’une belle tarte aux cerises.

Une recette de tarte aux cerises circule sur le Web depuis 2001. Elle est tirée du livre « Le sol, la terre et les champs » de Claude Bourguignon écrit en 1989. Aujourd’hui elle continue à être diffusée sur les blogs et par mail.

Claude Bourguignon, l’auteur est ingénieur agronome spécialiste de la microbiologie des sols. Il démontre la mort des terres labourées étouffées par les engrais et pesticides. Il fonde avec sa femme Lydia Gabucci-Bourguignon Le LAMS (Laboratoire d’analyse microbiologique des sols).

« Tu es belle vu de l’extérieur. Hélas je connais tout ce qui se passe à l’intérieur. C’est pas beau même assez dégoûtant » Serge Gainsbourg.

Histoire de la pâte

La farine

farineLes grains de blé ont été enrobés d’un fongicide avant semis. Pendant sa culture, le blé a reçu de deux à six traitements de pesticides selon les années, un traitement aux hormones pour raccourcir les tiges et une dose importante d’engrais : 240 kg d’azote, 100 kg de phosphore et 100 kg de potassium à l’hectare. Dans le silo, après récolte, les grains sont fumigés au tétrachlorure de carbone* et au bisulfite de carbone puis arrosés au chlopyriphosméthyl. Pour la mouture, la farine reçoit du chlorure de nitrosyle puis de l’acide ascorbique, de la farine de fève, du gluten et de l’amylase.

* Le tétrachlorure de carbone a été interdit en 1989 en France au moment de la parution du livre de Claude Bourguigon

La poudre levante

Elle est traitée au silicate de calcium et l’amidon est blanchi au permanganate de potassium.

Les corps gras

Ils reçoivent un antioxydant comme l’hydroxytoluène de butyle et un émulsifiant type lécithine.

Histoire de la crème

Les œufs
oeufIls proviennent d’un élevage industriel où les poules sont nourries aux granulés contenant des antioxydants (E300 à E311), des arômes, des émulsifiants comme l’alginate de calcium, des conservateurs comme l’acide formique, des colorants comme la capsanthéine, des agents liants comme le lignosulfate et enfin des appétants pour qu’elles puissent avaler tout ça comme le glutamate de sodium. Elles reçoivent en plus des antibiotiques et en particulier des anticoccidiens. Les œufs avant séchage reçoivent des émulsifiants, des agents actifs de surface comme l’acide cholique et une enzyme pour retirer le sucre du blanc.

Le lait

laitIl provient d’un élevage industriel où les vaches reçoivent une alimentation riche en produits chimiques : des antibiotiques comme le flavophospholipol (F712) ou le monensin-sodium (F714), des antioxydants comme l’ascorbate de sodium (F301), l’alpha-tocophérol de synthèse (F307), le buthyl-hydrox-toluène (F321) ou l’ethoxyquine (E324), des émulsifiants comme l’alginate de propylène-glycol (F405) ou le polyéthylène glycol (F496), des conservateurs comme l’acide acétique, l’acide tartrique (E334), l’acide propionique (F280) et ses dérivés (F281 à E284), des composés azotés chimiques comme l’urée (F801) ou le diurédo-isobutane (F803), des agents liants comme le stéarate de sodium. Ajoutez des colorants comme F131 ou F142 et enfin des appétants pour que les vaches soient en mesure de manger tout cela : glutamate de sodium et autres bonnes choses.

Les huiles

Elles ont été extraites par des solvants comme l’acétone puis raffinées par action de l’acide sulfurique, puis lavage à chaud, neutralisées à la lessive de soude, décolorées au bioxyde de chlore ou au bichromate de potassium et désodorisées à 160 °C avec du chlorure de zinc. Enfin, elles ont été recolorées à la curcumine.

La crème

Une fois obtenue, elle reçoit des arômes et des stabilisants comme l’acide alginique (E400).

Histoire des cerises

L’histoire des cerises complétée d’après des éléments de « Aromatherapie » Jean Valnet 1990, Maloine.

cerisesLes cerisiers ont reçu pendant la saison entre dix et quarante traitements de pesticides selon les années. Les cerises sont décolorées à l’anhydride sulfureux et recolorées de façon uniforme à l’acide carminique ou à l’érythrosine. Elles sont plongées dans une saumure contenant du sulfate d’aluminium et à la sortie elles reçoivent un conservateur comme le sorbate de potassium (E202).

Elles sont enfin enduites d’un sucre qui provient de betteraves qui, comme les blés, ont reçu leur dose d’engrais et de pesticides.

Ce sucre est  extrait par :

  • défécation à la chaux et à l’anhydride sulfureux,
  • puis décoloré au sulfoxylate de sodium,
  • puis raffiné au norite et à l’alcool isopropylique.
  • Il est enfin azuré au bleu anthraquinonique.*

*interdit en France en 1976

Par ces traitements, les cerises ayant donc perdu tout leur goût, il est nécessaire d’ajouter un parfum artificiel alimentaire. Ce parfum est une recréation synthétique du goût et de l’odeur à partir d’éléments  artificiels issus de la chimie du pétrole aux prix de revient extrêmement faibles – par économie d’échelle – en comparaison du parfum naturel de fruit.
L’exemple développé est ici la cerise, mais de tels composés servent à recréer aussi bien des parfums artificiels de fraise, d’ananas, de framboise, de miel, de caramel, de muguet…
Le parfum artificiel de cerise se compose des molécules synthétiques suivantes :

  • acétate d’éthyle
  • acéthyl-méthyl-carbinol
  • butyrate d’isoamyle
  • caproate d’éthyle
  • caprylate d’isoamyle
  • caprate d’éthyle
  • butyrate de terpenyle
  • geraniol
  • butyrate de geranyl – acetylacetate d’éthyle
  • heptanoate d’éthyle
  • aldéhyde benzoique
  • aldéhyde p-toluique
  • vanilline
  • essence artificielle d’amande amère SAP
  • essence artificielle de girofle Bourbon
  • essence artificielle de cannelle Ceylan
  • essence de lie de vin

La même recette avec des pommes et en image

Source: www.beurk.com